Revue de Presse

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Le mythe des souterrains

L'Yonne Republicaine, édition du mardi 27 mars 2007.

Centre-ville d'Auxerre. - INSOLITE / Caves et carrières

Les fameux souterrains reliés sous le centre-ville ne feraient que partie de l'imaginaire collectif... Ils n'existent pas. En revanche, les caves issues de l'exploitation de la pierre sont légion.

A chaque fouille archéologique ou effondrement inattendu dans des terrains privés, l'idée refait surface : des souterrains qui permettraient de quitter le centre-ville et de se retrouver en rase campagne, le tout en passant sous l'Yonne... Désolée, mais c'est impossible. Au risque de décevoir nombre d'Auxerrois, aucun réseau souterrain parcourant le centre-ville n'existe.

En revanche, les caves, elles, sont bien réelles. Qu'elles soient celles des anciennes maisons de vignerons, notamment dans les secteurs du Pont et du Grand-Caire ; ou sur plusieurs niveaux, des restes « bruts d'extraction » d'anciennes carrières.

Le centre-ville d'Auxerre a été construit sur un promontoire calcaire. Dès l'antiquité, des pierres en ont été extraites pour la construction des édifices et des maisons d'habitation. De part et d'autre de la colline, des galeries ont été exploitées, se chevauchant dans certains secteurs. C'est ainsi que sous certaines maisons, deux à trois caves, sur plusieurs niveaux, sont accessibles.

« Pendant les guerres de religion, pour se cacher, les gens ont éprouvé le besoin de relier les trous. Mais de là à dire que cela a constitué des souterrains... En revanche, il est vrai que certaines maisons reposent sur des caves de deux à trois niveaux. Certaines mêmes sont très belles, avec des piliers et des chapiteaux », explique Joël Rintjema, directeur adjoint de l'urbanisme à la ville d'Auxerre.

Finis les fantasmes

Le réseau de souterrains ne ferait donc partie que de l'imaginaire collectif. Rien, en tout cas, ne prouve leur existence. Le CNRS s'était lancé dans une étude, mais aucune publication n'en est ressortie. « Il n'existe sûrement pas d'inventaire exhaustif ». Et Stéphane Büttner, géo-archéologue au Centre d'études médiévales, de regretter, lui aussi, le manque de cartographie précise. Il confirme que s'évader du centre-ville en passant sous l'Yonne est irréalisable. « Ce ne sont pas les mêmes natures de terrain. Sous l'Yonne, sans parler des infiltrations, on trouve du sable et une terre argileuse ».

Le réseau de carrières a existé, mais au fur et à mesure des constructions, il a été scindé en caves privatives. « Des tronçons se sont retrouvés isolés et inutilisés. Ils ne sont donc pas connus, et c'est souvent là qu'ont lieu les effondrements », explique Stéphane Büttner. La prudence est alors de rigueur... Plus le fantasme.

C. L.

Article mis en ligne le : 17 avril 2008