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Week-end vélo bivouac carrière (Oise)

Article publié par B. BOUCHARD le vendredi 23 mai 2025.

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C'est au cours d'une discussion lors de la journée gymnase à Chablis que nous avions évoqué l'idée d'aller faire un tour le vélo sous terre.
Notre choix se porta rapidement sur St Leu d'Esserent dans l'Oise où se trouve la carrière du Couvent. Une grande carrière d'une cinquantaine d'hectares riche en histoire, le lieu idéal pour faire chauffer les pédaliers de découverte en découverte. Et puis, comme c'est pas la porte d'à côté, on s'est dit que ça serait pratique et encore plus fun de dormir dans la carrière.
Le hasard faisant parfois bien les choses, Fréderic Besset, Maire de la ville, se trouve être le fils de Claude Besset, membre historique du club. Bruno est mis en contact avec le propriétaire de la carrière qui nous donne son autorisation, tous les feux sont au vert !

Le rendez-vous est donc donné ce samedi à 17h à la mairie. Nous sommes accueillis par Monsieur le Maire, son épouse et Claude Besset avec qui nous discutons de la carrière et notre escapade à venir. S'en suit une visite de l'abbatiale qui surplombe la mairie. A notre grande surprise, des soldats de la Wehrmacht ont investi les alentours avec quelques animations fort intéressantes. L'occasion inattendue de découvrir les techniques de communication et les armements de la Seconde Guerre mondiale. Tout à fait dans le thème de notre expédition ! L'heure tourne, nous saluons nos hôtes et prenons la direction de la carrière...

Nous garons nos véhicules à proximité du Lidl, nous équipons et chevauchons nos vélos. La carrière se trouve à quelques centaines de mètres. Première suée dans la montée, nous sommes chargés comme des mules ! Nous arrivons enfin devant le cavage, la logistique s'organise : 11 vélos et nos fardeaux à passer par-dessus un énorme merlon de terre, puis à travers une vieille porte métallique éventrée. L'affaire est rondement menée, tout est à l'intérieur en un temps record !

Il faut dans un premier temps trouver un coin bivouac pour nous délester de nos sacs. Nous tentons notre chance au fond de la carrière dans les quartiers modernes. Première crevaison ! Bruno est à plat... Tandis qu'une partie de l'équipe s'affaire à réparer la roue, Geoffrey et moi partons prospecter les galeries alentour. C'est globalement crasseux et souvent encombré de déchets d'exploitation. La roue réparée, nous repartons tenter notre chance dans un autre secteur qui nous parait plus accueillant. Notre camp de base est trouvé ! Les couchages sont installés. Il est déjà 20 heures, nous improvisons un coin repas avec quelques blocs en guise de sièges, une petite table, quelques bougies et guirlandes. Nous refaisons le plein d'énergie dans une ambiance conviviale avant de nous lancer pour une première visite.

La carrière est composée de trois secteurs :
La "Masse Allemande", où s'était installée au début 1940 une usine aéronautique française spécialisée dans la fabrication de fuselages de bombardiers LEO45. Ce secteur fut ensuite largement réaménagé et occupé par l'armée allemande qui s'en servit de base arrière pour l'assemblage et le stockage des missiles V1, avant de les acheminer vers les rampes de lancement du nord de la France. Cette activité donna lieu à de lourds bombardements alliés qui ne parvinrent pas à endommager la carrière.
La "Masse Saint-Christophe", secteur d'origine épargné par les aménagements allemands où subsistent les vertiges de deux belles champignonnières.
La "Masse d'Or", située dans les quartiers les plus éloignés. Son nom fait probablement référence à la couleur dorée de la pierre de Saint-Leu. Ce secteur représente à lui seul près de la moitié de surface de la carrière. La pierre y était exploitée industriellement jusque dans les années 1970, laissant des galeries aux volumes colossaux.

Nous partons donc pour une visite digestive de ce dernier secteur. Au programme de la soirée : de belles inscriptions, une rampe de skate à l'origine indéterminée, des squats de cataphiles, l'Auberge des Taupes, l'atelier des carriers, un camion de champignonniste, la roue de Bruno qui déconne, une scie circulaire sortie d'un film douteux, les galeries cathédrales du bout du monde et la DS de Fantômas (j'en oublie sûrement). Minuit approchant, nous retournons au camp de base. L'équipe s'endort petit à petit, bercée par le chant des gouttelettes et les doux ronflements de Thomas.

Il est presque 9 heures lorsque le camp reprend vie. Malheureusement, Loïc n'est pas au top et préfère écourter la sortie... De son côté, Bruno se lance dans un regonflage de sa roue qui ne semble plus fuir. Mais celle-ci explose soudainement dans un vacarme assourdissant ! Pas de chambre à air de rechange. Bruno se retrouve piéton... La journée commence bien !

C'est donc une équipe réduite de 9 qui part pour une visite de la Masse Saint-Christophe, tandis que Bruno se lance en direction des champignonnières à pieds, topographie à la main. Nous découvrons en chemin un second camion de champignonniste en meilleur état que celui de la veille, quelques inscriptions, puis arrivons dans une première champignonnière. L'air y est plus sec et les milliers de sacs de culture laissés au sol rendent l'acoustique des lieux plus chaleureux. La balade à vélo dans les petites allées entourées de sacs est plutôt agréable. Le fond de la champignonnière est riche en inscriptions. Nous restons sur place quelque temps pour que Geoffrey puisse prendre des photos des belles et interminables rangées de sacs. Nous nous dirigeons ensuite vers la seconde champignonnière, passons voir quelques cheminées d'aération et un puits carré de communication vers un petit niveau supérieur (à priori en très mauvais état). La cordelette laissée sur place ne nous inspire pas confiance et décidons de ne pas nous y aventurer. S'en suit une petite pêche aux fossiles dans un effondrement. La matinée se termine avec la visite du quartier allemand, constitué d'une succession de salles maçonnées et finissant sur un énorme fontis débouchant à la surface et baigné de lumière naturelle.

Nous retrouvons Bruno au camp de base. Dernier repas. Puis nous prenons la direction de la sortie. Nos fardeaux sont un peu plus légers, mais semblent toujours aussi lourds ! Nous serons restés 19 heures sous terre et aurons parcouru un peu plus de 12 km.

Nicolas.