Revue de Presse

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Grotte du Bison : c'est parti pour six semaines de fouilles, au cœur de la Préhistoire

L'Yonne Republicaine, édition du jeudi 22 mai 2014.

Depuis le 12 mai, le chantier de fouilles de la grotte du Bison, à Arcy-sur-Cure, a repris. Il se poursuivra jusqu'au 21 juin prochain.

Dans l'allée qui mène à la grotte, des planches ont été posées, pour éviter aux chercheurs présents de marcher à même le sol, et risquer de détruire les preuves d'un passé ancestral. À l'entrée, ils sont une dizaine, essentiellement des étudiants, en chaussettes ou nu-pieds, qui s'activent. Mais en douceur, pinceau, cuillère et minuscule scalpel en mains, recherches archéologiques obligent. « Il faut prendre le temps si on veut être le plus précis possible », remarque l'un d'entre eux.

La grotte du Bison est fouillée tous les ans depuis 1995

L'équipe, arrivée il y a une dizaine de jours, tente de faire toute la lumière sur l'occupation de la grotte du Bison (*), à Arcy-sur-Cure, datant de -55.000 avant Jésus-Christ environ, soit à l'époque de l'homme de Néandertal. D'une superficie de 80 m2, elle est constituée de trois parties, l'avant, le parvis et la galerie. Une surface que les chercheurs vont balayer en seulement six semaines, plan par plan, objet par objet.

Mais, loin d'être la seule campagne de fouilles sur ce site, celui-ci est l'objet de recherches annuelles depuis 1995. Qui ne sont elles-mêmes par les premières. Cet investissement a déjà permis d'établir plusieurs éléments : qu'hommes et animaux s'y seraient relayés, que la grotte aurait été un atelier de travail.

Preuves à l'appui, Maurice Hardy, ingénieur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et responsable du chantier, évoque l'ocre apportée sur le site, les galets, «triés» pour pouvoir tanner les peaux de bêtes, et les ossements d'animaux, probablement décharnés et cuits dans cette grotte, où plusieurs vestiges de foyers ont été identifiés. «Les fouilles des années passées ont permis d'établir que le lieu servait de boucherie et de peausserie.»

Approche empirique

Reste que Maurice Hardy parle majoritairement au conditionnel. Parce que, fort de sa quarantaine d'années d'expérience professionnelle, il peut certes se fonder sur l'empirisme; mais pas sur les bouquins pour confirmer ses théories. « On n'invente rien. Il y a des populations dans le monde qui vivent encore comme ça. Les outils ont changé mais la technique est la même. On observe et on applique à nos fouilles, avec les éléments qu'on trouve sur place », précise-t-il néanmoins.

Une approche qui n'est pas pour lui déplaire, lui qui aime « écrire l'histoire » Celle qui n'a pas encore été racontée. « Là, on court après les gens, on les imagine vivre. » Un voyage dans le temps qui, selon ses estimations, pourrait s'achever d'ici deux ou trois ans. À cette échéance, les premières occupations de la grotte du Bison devraient être découvertes.

La Grande Grotte, joyau du site d'Arcy-sur-Cure

«Ce sont parmi les grottes les plus historiques que vous avez eu en France. Plein de gens y sont passées : des notables, des conteurs. C'est plein de souvenirs et il y a eu beaucoup d'écrits», remarque François de la Varende, l'un des propriétaires des grottes d'Arcy.

Et plus encore que les grottes de manière générale, c'est la Grand Grotte qui est l'objet de toutes les attentions. Parce qu'elle est ornée de peintures murales datant de la préhistoire.

Celles-ci ont particulièrement souffert dans les années 1970 lorsque, noircies par de trop nombreux éclairages à la torche et à la bougie, il fut décidé de laver la caverne à grandes eaux. « 80% des peintures ont disparu » estime le propriétaire.

Peintures qui, elles-mêmes, n'ont été découvertes qu'en 1991 par le grand public, à l'occasion d'un reportage télévisé. S'en est suivie la protection du site. Et une dizaine d'années de fouilles.

De nombreuses peintures et des gravures

La Grande Grotte est ainsi agrémentée de nombreuses peintures, essentiellement rouges, mais également noires, dont une bonne partie d'animaux (à 50% des mammouths), ainsi que des gravures. Des empreintes de main sont également visibles. D'autres dessins seraient par ailleurs invisibles à l'œil nu. « On sait qu'il y a des traces jusqu'à l'entrée, précise Maurice Hardy. On ne voit, et on ne trouve, que ce qu'on cherche. »

Aujourd'hui encore, la Grande Grotte reste un haut lieu du tourisme icaunais, même s'il a diminué de moitié, d'après François de la Varende, depuis que la route nationale 6 n'est plus la voie de circulation privilégiée des vacanciers qui descendent dans le sud de la France.

Laurenne Jannot

REPERES

Fouilles. C'est André Leroi-Gourhan qui a découvert le premier ossement dans la grotte du Bison, et lancé la première campagne de fouilles sur le site, en 1958. Celle-ci s'est poursuivie jusqu'en 1963, André Leroi-Gourhan prenant, l'année suivante, la direction du chantier de fouilles de Percevent (Seine-et-Marne). La première campagne de fouille avait surtout relevé de la stratigraphie (études des différentes couches géologiques).

EN CHIFFRES

15.000

Approximativement et en euros, c'est le budgetannuel alloué par le service régional d'archéologie de Bourgogne pour assurer es fouilles dans la grotte du Bison, surle site d'Arcy-sur-Cure ; un budget qui couvre à la fois les recherches, achant de matéril compris, et l'hébergement de l'équipe.

17

C'est le nombre de grottes connues sur le site d'Arcy-Sur-Cure, comprenant la Grande grotte ornée de peintures murales. Onze d'entre elles ont été habitées par les hommes.

Article mis en ligne le : 22 mai 2014