Revue de Presse

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Les lagons bleus du Bassin parisien

Sciences et Avenir - Hors Série JUILLET/AOUT 2012, édition du mercredi 01 août 2012.

Si, partant d'Auxerre, vous remontez le cours de l'Yonne canalisée, vous ne pouvez pas les manquer. Juste en amont de Maillyle-Château, les rochers du Saussois surplombent de cinquante mètres la rive droite. Leur calcaire blanc non stratifié et leurs nombreux fossiles ne trompent pas : ils appartiennent à une structure corallienne. Des fameuses grottes ornées d'Arcy-sur-Cure jusqu'au Nivernais, elle forme un arc dans lequel l'Yonne a creusé un profond sillon, coupe géologique rêvée pour les spécialistes, qui y décryptent la structure d'un récif et de son lagon.

Gérard Mottet, professeur émérite des universités, commente : «Lorsque cette barrière de corail s'est mise en place, il y a 150 à 160 millions d'années, elle faisait face à une mer peu profonde. A Vermenton, on retrouve d'ailleurs les boues de calcaire et de marne qui se sont déposées au pied du récif par 100 mètres de fond. La carrière des Rochers du Parc nous livre des coraux en place qui constituaient la barrière elle-même. Et à l'arrière de celle-ci, les rochers du Chaussois présentent une coupe du lagon.»

Au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, le géologue Patrick De Wever retrace l'aventure de ce beau lagon : «Entre 300 et 250 millions d'années, une chaîne de montagnes plus haute que l'Himalaya s'étirait de Liège jusqu'au sud du Massif central. Mais vers la fin du carbonifère, il n'en restait rien qu'une vaste plaine. Au jurassique, après l'ouverture de l'Atlantique, une mer envahit les lieux par le nord. C'est dans cette mer chaude que s'édifie le récif de Vermenton... recouvert par la suite de strates successives de sable, de marne et de calcaire. Un récif que seuls les dinosaures auront donc pu contempler...»

HERVÉ PONCHELET

Article mis en ligne le : 26 août 2012