Revue de Presse

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Dans les entrailles de la cité maillotine

L'Yonne Republicaine, édition du jeudi 26 juillet 2012.

Première entrée dans le vignoble bourguignon pour qui vient de Paris, Joigny possède en sous-sol tout un réseau de caves. En été, il est possible d'en visiter une partie.

Il s'agit d'un véritable réseau. Des caves voûtées, immenses pour certaines, composées souvent de plusieurs salles. En y pénétrant, on réalise, en en arpentant les dédales, que celles-ci furent, à une époque pas si lointaine, toutes reliées les unes aux autres au point de former presque une petite ville souterraine. C'est même le cas dans le quartier Saint-André, dont le sous-sol abrite des rues où les habitants aimaient, jadis, se retrouver. C'est l'arrivée du gaz et de l'électricité, avec leur lot de fils, de câbles et de tuyaux, qui a plus ou moins sonné le glas de cette vie souterraine.

Jusqu'à 800 hectares de vigne à Joigny

En été, à Joigny, il est tout de même possible de s'y replonger, le temps d'une visite, éclairés à la fois par une lampe de poche et par les lumières de la guide conférencière Béatrice Kerfa, de l'office de tourisme de Joigny, qui y déroule pour les visiteurs le fil de l'histoire viticole de la cité maillotine.

Pour cela, la visite s'articule autour de trois types de caves. Il y a les petites caves, que l'on trouve souvent dans le quartier Saint-André, là ou vivaient au Moyen-Âge de modestes ouvriers agricoles, au service de familles bourgeoises. Il y a les belles et grandes caves de maisons bourgeoises, plutôt dans le quartier Saint-Thibault, qui était le quartier des grands propriétaires et des artisans vignerons. La visite propose même de découvrir celle, immense, sous la bibliothèque. Enfin, Joigny abrite aussi quelques spécimens de grandes caves vigneronnes, dont l'une, celle de la dernière famille historique de marchands de vins, la famille Peltier (son activité a cessé dans les années 80), dispose même d'un puits. Il faut marcher tête baissée, à Joigny, pour en repérer les vestiges. De rares anneaux, ceux qui servaient à descendre les fûts dans les caves, subsistent encore, scellés dans les trottoirs, souvent devant de grandes portes voûtées. Beaucoup cependant, n'ont pas survécu à la réfection moderne des chaussées... Les caves, elles, sont la plupart du temps tout en pierre, y compris au sol. Comme de bonnes vraies caves qui se respectent, leur température ne varie pas entre l'hiver et l'été.

À partir de 1880, le phylloxera, la concurrence des vins du Gard, acheminés par le train et, plus tard, la Première Guerre mondiale marquent la fin d'une époque viticole très faste à Joigny, qui a compté jusqu'à 800 hectares de vignes. Aujourd'hui, le vignoble, y compris ce lui de la côte Saint-Jacques, n'y représente plus que 30 hectares. L'époque, plus récente, où l'on se retrouvait dans les caves, autour d'une table pour déguster le vin ou la piquette est malheureusement elle aussi révolue. Seule une poignée de propriétaires joviniens ont rénové et transformé les leurs en vrais lieux de vie.

Marie Coreixas

Article mis en ligne le : 30 juillet 2012